Essai d'un cabriolet "Caddy", par le Docteur Danche

"N'y va pas! Mais enfin, n'y va pas!! Mais tu es fou ou quoi??".

Ah ça, les Chaprootistes avaient bien prévenu leur ami Lyonel que présenter son cabriolet "Caddy" au directoire du CESCQUAL (Club des ESthètes Citroën du QUArtier Latin) était d'une rare imprudence.

Et pourtant malgré tout, à l'heure dite, Lyonel était là, dans le quartier latin, à bord de son Chaproot, prêt à affronter crânement les trois fauves du Cescqual (Ivan, Jérôme et moi-même), venus concourir à qui trouvera le détail qui tue ou prononcera la phrase dont on ne se relève pas.

Saluons une dernière fois le courage de Lyonel et entamons cette présentation.



Voici donc l'engin, de teinte "Sable Noir AC110" (noir métallisé), garé devant l'annexe du Cescqual, aussi appelée "hôtel de Cluny" par les touristes.

Le choix d'une place à cheval entre une place handicapé et un passage piéton est un malheureux concours de circonstances, dont je vous prierai de ne pas tenir compte.
Les immeubles bourgeois se reflètent tendrement sur la malle du cabriolet hors de prix, qui s'ouvre alors doucement pour révéler... ... une valise Vuitton. Il est grand temps de présenter Lyonel je crois.
Car si Lyonel, ici au volant, est, disons, assez fortuné pour se payer quelques belles voitures qui lui plaisent, il est quand même un sacré bon vivant, pas vraiment versé dans le premier degré ou le signe extérieur de richesse. Et quand j'ai sifflé sur sa malle Vuitton, il m'a dit en riant "30 euros sur une brocante". Comme quoi les apparences sont trompeuses.

Mais reprenons le fil de la présentation de ce cabriolet, qui est d'ailleurs montré en détail sur le site des voitures que Lyonel a aimées, et où vous pouvez aller rêver de ma part quelques heures: http://www.3cs.fr/lyonel/

C'est donc ici un "Caddy" de chez Chaproot, un des plus réussis pour sa ligne donc, il suffit pour s'en convaincre de voir les autres modèles de la gamme sur la remarquable page Chapron de Pierre Verpeaux.

L'histoire de cet exemplaire est particulièrement mouvementée, et le site de Lyonel la décrit intégralement: histoire de ce Caddy

Dans les grandes lignes, la voiture est livrée neuve en Octobre 61 en Allemagne, en configuration ailes cendrier et deuxième tableau de bord. Mais en 66, pour une raison indéterminée, il est modernisé en DS21 deuxième nez. Puis un cycle de restauration énergique dans l'Allemagne des années 80 lui inflige de redoutables améliorazions.

Ensuite, Lyonel l'achète en 2000 en Allemagne, roule avec en l'état, puis le vend en 2004. Mais il le regrette alors, et le rachète en 2005, cette fois pour le restaurer.

Le parti pris de restauration fut de garder les traces de son histoire chahutée. L'avant est donc toujours celui d'une DS21, et les stigmates des sévices teutons des années 80 sont toujours là, on va le voir, et c'est pas triste.

On commence par un tableau de bord en faux noyer (Allemagne 1980) et un GPS (Lyonel 2007). Il était donc écrit que cette voiture serait enlaidie par chacun de ses propriétaires successifs. Moquette synthétique et sièges en skaï pisseux (je précise: Allemagne 1980, mais je pense que vous l'aviez intuité).
Lyonel est donc peut-être le seul au monde à avoir le plaisir de péter dans du skaï dans son Chaproot.
L'option "déflecteur avant" (Chaproot 1961), la même donc que sur la berline Chaproot de Paul déjà présentée. Cerclages spéciaux, vitres de phares à têtons plus prononcés que les Marchal classiques
Pare soleil de veuve Serrure anti-sucre
Supppppperbe enjoliveur de passage de roue. Je défie quiconque d'en avoir déjà vu un comme ça.

Filtre à air chromé... bon je crois qu'on en a assez vu sur le "german way of life", place à l'essai sur route.

Car au fond, que donne un Chaproot décapotable quand on y roule, cheveux au vent? Premier constat: dans Paris c'est pas toujours l'idéal au niveau du bruit et des odeurs. Et l'arrivée des embouteillages dans les tunnels jette un froid dans les conversations, qui sont de toute façon inaudibles passés 90km/h.

Second constat: l'expression "cheveux au vent" (souvent relative de toute façon quand on gagne en maturité) peut vite devoir être remplacée par: "yeux plissés et vent dans le nez".

Au niveau de la place pour les jambes à l'arrière: c'est l'ambiance "Ryanair".

Et ça jette d'ailleurs un petit malaise sur la raison exacte pour laquelle on trouve ici des gobelets vides.

Suite à cette petite promenade, le Cescqual ayant rendu un verdict unanime et sans appel de "bon pour la casse", c'est un peu à contre-coeur que Lyonel prend seul la direction des Ets Mazeau, le fameux grossiste ferrailleur des puces de Clignancourt.

Adieu, l'ami.

Epilogue: en relisant je me dis que c'est pas avec des reportages comme ça que je vais attirer dans mon piège beaucoup d'autres Chaprootistes...

ou alors il faudrait qu'ils ne parlent pas français, peut-être, je ne sais pas.....